Moussa Magassa

A Dieu Ghislaine et Claude…

Cet article date d’une période assez récente qui a malheureusement marquée le monde des journalistes. Alors je tenais le partager avec vous car je sais que chacun d’entre nous s’est senti concerné au moment de cet drame.

Une fois de plus le monde du journal est en deuil. Après Jean Hélène à Abidjan, il y a 10 ans, ce sont encore deux journalistes de RFI qui sont assassinés au Mali. En effet, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, envoyés spéciaux de RFI au Mali, ont été assassinés ce samedi 2 novembre 2013, après avoir été kidnappés à Kidal. Ghislaine Dupont, entrée à RFI en 1986, mettait un point d’honneur à travailler dans la plus grande impartialité en donnant la parole à toutes les parties. Claude Verlon, était technicien et ami, de Ghislaine avec qui elle avait effectué cette mission.

Ghislaine et ClaudePhoto web
Ghislaine et Claude
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Nommée en septembre dernier conseillère éditoriale de la rédaction Afrique. Ghislaine Dupont grâce à sa rigueur éditoriale qui lui avait valu d’être expulsée de Kinshasa entre le premier et le deuxième tour de l’élection présidentielle de 2006 choisit avec Claude Verlon Kidal, une destination qu’elle savait difficile. Nos deux confrères ignoraient cependant, que ce serait leur tout dernier voyage.

Hélas ! Hélas ! Ce fut malheureusement le cas.

Selon RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont été enlevés par des hommes armés à 13h00 (locales et GMT) devant le domicile d’Ambéry Ag Rhissa, un représentant du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg) qu’ils venaient d’interviewer. On retrouvait plus tard leurs corps sans vie. Un crime odieux et lâche qu’ont commis ces rebelles sans scrupule ne doit en aucun cas resté impuni.

De milliers d’avis et opinions révoltants à travers le monde sont unanime sur le sujet du terrorisme. A travers lesquels, nous pouvons citer celui du président du Comité ivoirien de protection des journalistes (CIPJ), Goué Stéphane,(joint par RFI) qui se dit consterné par cette triste nouvelle, « cet assassinat lâche, doit nous emmener à nous poser la question de savoir si notre pays, la Côte d’Ivoire, voisine du Mali, est à l’abri d’un tel acte.Nous sommes dégoutés, nous demandons que les auteurs soient retrouvés et « punis rigoureusement selon la loi car on ne doit pas donner raison à ceux qui pensent qu’ils peuvent, par quelque acte que ce soit, tuer la liberté et le désir de liberté d’informer », a-t-il plaidé.

Goué StephanePhoto web
Goué Stephane
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Toutefois, une situation que je qualifie d’irresponsable du gouvernement français est ce fait de n’avoir pas sécurisé nos deux confrères en cette zone de guerre. A quoi servent-ils les soldats de l’armée française en zone de conflits si ladite armée doit jouer le rôle de l’ambulance après la mort. Il faut le dire, la France commet une légèreté blâmable en s’abstenant de préserver et de protéger les droits du journaliste. Un droit extrêmement indispensable qui mérite d’être discuté sur la tribune des Nations Unies.

A ce titre, L’Afrique du Nord a été épinglée par Reporters sans Frontières (RSF) dans son dernier classement sur la liberté de la presse dans le monde. Seule la Mauritanie sort du lot en conservant son rang de l’année dernière à la 67ème place sur 179 pays classés. L’Algérie se classe au 125ème rang, en recul de 3 places par rapport à 2012, suivie de la Libye (131ème, +23), du Maroc (136ème, +2), de la Tunisie à la 138ème (en recul de 4 places) et de l’Egypte (158ème, + 8). A titre de précision, la Tunisie, deux ans après la chute de Ben Ali, elle perd ainsi quatre places alors qu’elle avait nettement progressé en 2011 (+30 places). RSF explique cette régression par les agressions de journalistes qui se sont multipliées au cours du premier trimestre de 2012.

Bref, à tous les proches de ces victimes tués, à leurs familles respectives, aux confrères et à tous ceux que j’aurais omis de citer qui se sentent lier par ces héros morts dans l’accomplissement de leur devoir. Par ma voix et celle de mes confrères blogueurs, présentons notre sincère et douloureuse condoléance.

A vous précisément Ghislaine Dupont, c’est avec le cœur en morceau et la douleur au ventre que j’implore le pardon et la grâce du tout puissant afin qu’il t’accepte au paradis. Il a fallu cet odieux crime que j’ajoute ton image à cette voix familière qui est la sienne.

Ghislaine Dupont Photo Web
Ghislaine Dupont
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A Dieu Ghislaine et Claude. Que la terre vous soit légère !

MOUSSA MAGASSA


‘’Donne pour moi’’ célèbre expression dans le transport ivoirien…

Abidjan, capitale économique ivoirienne est une ville où la vie est d’une aisance remarquable. Cette caractéristique qui est son propre y règne depuis l’accession du pays à son indépendance le 7 août 1960. Située en Afrique de l’ouest et ayant pour frontière le Burkina Faso, le Mali pour ne citer que ceux-ci la Côte d’ivoire fait l’objet de nombreuse convoitises par des jeune aventuriers qui viennent des quatre coins de la sous-région.

Vue sur la lagune D'Abidjan. Photo web
Vue sur la lagune D’Abidjan. Photo web

Ah le jeune ivoirien en général et le jeune abidjanais en particulier est celui qui se distingue nettement. Le style vestimentaire, le langage habituel de tous les jours sont entre autres ses caractéristiques. Une façon singulière de s’exprimer qui semblerait difficile à percer pour tout étranger est d’une très grande popularité. Cette langue à l’ivoirienne appelée ‘’le nounchi’’ est comme ‘’le broken English’’ de l’anglais. « Gba ensemble, donne-moi togo ou gbêssê vieh môgô » pour signifier respectivement : marché ensemble et remettez moi 100Fcfa ou 500Fcfa grand frère en sont des exemples appropriés. On pourrait affirmer sans se tromper que cette fameuse manie de parler tire son origine du transport entre les communes d’Abidjan.

Des mini bus à la peinture diverse circulent tout au long de la capitale rendant ainsi service aux usagers sont d’une renommée exceptionnelle. Connu sous le nom de ‘’gbaka’’, ces véhicule rallient les différents sites à un tarif comprit entre 100fcfa et 350fcfa avec abord des conducteurs peu expérimentés théoriquement mais qui dans la pratique font objet d’une grande maitrise. Les apprentis qui d’une part accompagnent le chauffeur dans sa tâche quotidien et qui restent scotcher aux doléances de ses clients d’autre part sont ceux-là même qui suscitent une très grande impression mitigée.

Gbaka véhicule de transport populaire d'Abidjan. Photo web
Gbaka véhicule de transport populaire d’Abidjan. Photo web

Cependant, la majorité de ces jeunes apprentis sont d’une indifférence problématique de telle sorte que s’est creusé un abîme entre eux et le citoyen lambda. Tous semblent convaincus que la politesse et la courtoisie sont des vertus qui ont déserté le quotidien de ces jeunes.

A côté de tout cela se rencontre une organisation qui semble vouloir lutter pour la sauvegarde des droits et intérêts des transporteurs : « le syndicat des transporteurs ». Une structure qui semble-t-il a failli à sa mission et qui est opère désormais à des fins purement lucratifs. Elle a contribué à entrainer de nombreux jeunes au chômage à vivre sur le dos de ces transporteurs. C’est le cas des ‘’gnamolo et des djôsseurs de naman’’. Les premiers sont dans le domaine du transport et les seconds dans celui du parking.

Les ‘’gnamolo’’ sont des jeunes entre 18 et 30 ans se rencontrent très souvent sur les sites servant de carrefours où la clientèle afflux sans grand soucis. La technique bien que paraissant simple est d’une double connotation. En un mot, il faut pouvoir s’imposer. Ainsi, si vous êtes d’un physique assortit, le tour est joué. Sinon, il faudra imposer son hégémonie d’une autre manière afin d’intimider les plus récalcitrants.

Apprenti de Gbaka. Photo web
Apprenti de Gbaka. Photo web

Voilà comment ça marche dans ce monde de nounchi. Chaque usager qui grimpe à bord d’un gbaka constitue une marchandise sur lequel seront prélevé des taxes. Dans ce contexte, chaque carrefour sous le règne d’un groupe de ‘’gnamolo’ ’où un usager voudra monter dans un ‘’gbaka’’, celui-ci vaut d’office la somme exacte de 50 FCFA qu’il faudra leur payer de gré ou de force. Tel est le paradoxe du quotidien des chauffeurs de gbaka à Abidjan.

‘’Les djôsseurs de naman’’ quant à eux se retrouvent très généralement au Plateau. Vous rappelez-vous ? Plateau la zone des affaires, Plateau !! Oui cette zone d’Abidjan qui ressemble à Paris dont on a exposé les détails dans l’article intitulé : ‘’Scandale à Somavie’’. Vous rappelez-vous n’est-ce pas ? Et bien c’est au Plateau que les djôsseurs de naman obtiennent de quoi à survivre. Ils suivent les véhicules et guident le conducteur sur l’attitude adéquate pour leur positionnement d’une part et signalent d’autre part aux véhicules en circulation la sortie d’un des véhicules déjà garés. Ils s’occupent également de leur entretient lorsque vous désirez rendre propre votre voiture en contrepartie d’une pièce d’argent. Une occupation noble qu’il faut saluer à la différence de celle des gnamolo.

Cette pratique des gnamolo et de ces syndicats sans scrupules est malheureusement bien connue des autorités qui ne ménagent aucun effort pour changer les choses. Une seule explication qui est la suivante se livre à nous : ‘’Les gouvernements africains n’en ont rien à faire du bien être des gouvernés. On est pour eux ce que représentent les troupeaux pour le berger’’.

MOUSSA MAGASSA


IBK saurait-il fait face à ses promesses de campagne ?

Le Mali revient de très loin. Du bord de l’abîme à la tentative de restauration d’un Etat de droit. Un effort autant encourageant que salutaire qui a contribué à redonner au pays de l’hippopotame son blason de modèle de démocratie qui figure dorénavant au fronton de son vaste désert.

Après une élection plus tôt périlleuse les maliens ont pu à travers plusieurs doutes et d’incertitudes choisis leur président. Le troisième de l’air démocratique du nom de IBRAHIM BOUBACAR KEÏTA. IL fut l’un des personnalités charismatiques du pays à travers des décisions qu’il prit çà et là lorsqu’il occupait les fonctions de premier ministre, du président de l’assemblée nationale et de député.

Un caractère qui lui a valu aujourd’hui le statut de chef suprême. Car il faut le dire la population malienne bien qu’étant un peuple inerte demeure infaillible de ces convictions à l’endroit d’une personnalité de renom. Autrement dit, il lui voue une admiration à la fois considérable et insensée. De telle sorte que rien ni personne ne peut rien y changé. C’est le cas du nouveau président malien dont son statut lui était d’office accordé à en croire la volonté des maliens.

De ce fait depuis le mercredi 4 septembre 2013, le président élu des maliens est officiellement rentré en fonction après avoir prêté serment devant la cour suprême (perpétuelle tradition juridique que doit accomplir tout nouveau président par la citation du fameux article «je jure… »).

Le président IBK le jour de son investiture. Photo web
Le président IBK le jour de son investiture. Photo web

Un serment que les présidents entrant ne se gênent point de balayer du revers de la main une fois assis au palais présidentiel.

Les chantiers d’IBK qui sont entre autre ‘’la corruption, la réconciliation des fils du pays, la réforme de l’armé’’ sont forts nécessaires que difficiles à réaliser quand on connait l’impact que la crise du nord a engendré et qui persiste encore aujourd’hui. La population divisée par des conflits inters raciaux. La corruption, le tribalisme et ces composants qui sont le propre des maliens depuis plus 20 ans déjà semble incurable…

Un paquet de fric témoignant de la corruption. Photo web
Un paquet de fric témoignant de la corruption. Photo web

Alors oui !!! Nous disons que ce nouvel chef d’Etat malien a sérieusement du pain sur la planche.

Conformément à son discours de campagne, le président Ibrahim Boubacar Keïta a rappelé lors de son discours d’investiture que la réconciliation nationale était la plus pressante des priorités. « Dès demain, nous enclencherons les actions appropriées pour forger les solutions robustes en vue d’une paix durable, afin que nous sortions définitivement de la répétition cyclique des crises dans le nord de notre pays », avait promis le nouvel homme fort du Mali.

Les rebelles de MNLA dans le Nord MALI. Photo web
Les rebelles de MNLA dans le Nord MALI. Photo web

Pendant de longs mois, le Nord et le Sud se sont en effet trouvés divisés une nouvelle fois, suite à l’offensive menée par les Touaregs du MNLA puis par des groupes djihadistes. Aujourd’hui, les plaies restent vives. Mais le président s’est fixé un objectif. : ‘’Organiser des assises pour rassembler toutes les composantes de la société, et toutes les générations’’

Des mesures sont –elles déjà prises en ce sens ? Ou dirait-on il est encore trop tôt pour un supposé bilan de ses promesses de campagne ? Cependant, une chose est certaine le Mali est dans un besoin à la fois pressant qu’urgent que la réalisation de tous ces projets serait la bienvenue.

« Le Mali avant tout »

« Je veux réconcilier les cœurs et les esprits, rétablir une vraie fraternité entre nous, afin que chacun dans sa différence puisse jouer harmonieusement sa partition dans la symphonie nationale », a poétisé Ibrahim Boubacar Keïta.

Un défis plutôt difficile à relever mais pas impossible. La réconciliation des maliens est la précieuse pierre qu’il faudra ajouter à l’architecture d’un développement concret et la construction d’un Etat de Droit. La crise du nord a engendré un conflit ethnique et racial avec son cortège d’émotion et de souvenir qui constitue à présent des séquelles qu’il faut au préalable lutter contre.

Et bien là encore nous disons que le peuple du Mali dans l’urgence a besoin d’une solution qui ne saurait se prouver que par des actions concrètes. Les maliens ont trop entendus de promesse de la part de ses dirigeants. Ce que nous désirons maintenant c’est bien entendu la concrétisation de ces promesses de foi à la malienne.

 Rétablir la confiance en la classe politique.

« Mettre fin aux passe-droits, améliorer la gestion des fonds publics est ainsi le défi global auquel devra répondre le nouveau pouvoir. Les Maliens ont perdu toute confiance dans leurs gouvernants et dans leur classe politique, accusée de n’avoir rien fait pour prévenir la crise ».

« La nation et le Mali avant tout ». Tel est le credo du nouveau président qui, à 68 ans, promet de redonner confiance aux Maliens : « J’œuvrerai pour que les Maliens retrouvent foi en l’avenir. Rien de grand ne peut réussir ni se faire sans sacrifices. Il faut accepter de tendre la main à l’autre, afin de bâtir ensemble un Mali nouveau ». Un Mali dans lequel nul ne sera au-dessus de la loi, a aussi prévenu IBK.

Pourrons-t-on cependant, imaginé un Mali comme ça ? Le Mali serait-il un état de droit en dépit de toutes ces exactions ? Ces institutions minées de vice à effet de retardement et de violation des lois seront-elles redressées ? Ou ce sont encore des promesses de campagne superflue du nouveau président ? Autant de questions sans réponse pour le moment.

Nous pensons que pour la restauration « d’un Mali dans lequel nul ne sera au-dessus de la loi » il est plus que nécessaire qu’on commence par alterner des personnes qui briguent des mandats depuis le temps du président Alpha Oumar Konaré (ancien président malien),et qui y demeurent toujours. Tel est le cas des membres de la cour constitutionnelle et de la cour suprême. En un mot il faut de nouvelles têtes, au sommet et à l’intérieure de toutes les institutions du pays, car, c’est triste de le dire tous ces vieux sont autant corrompus que l’ensemble du personnel recruté sous leur égide. Seule mesure de lutter contre l’impunité et de favoriser la justice.

Président Alpha konaré. photo web
Président Alpha konaré. photo web

En ce qui concerne la lutte contre la corruption ce serait comme jeter de l’huile au feu car les passe-droits sont aujourd’hui une pathologie sans remède conséquente.

Comment tuer l’hydre aux cent têtes qui repoussent une fois coupées ?

C’est la très délicate équation à la résolution de laquelle le torero de Sébénicoro (quartier où vit IBK à Bamako) doit s’atteler sans délai. Saura-t-il prendre le taureau par les cornes ? Ou fera-t-il semblant de lutter, comme le faisaient ses prédécesseurs en sacrifiant les menus fretins sur l’autel de l’exemple tandis les requins en haute mer, qui ont détourné des milliards de FCFA, passeront paradoxalement au travers des mailles du filet ? C’est l’exemple du président déchu AmadouToumaniTouré (ancien président malien)et de plusieurs maires en l’occurrence celui du district de Bamako Adama Sangaré… Ou livrera-t-il une vraie guerre contre le mal aux mille visages ? Fera-t-il de la lutte contre la corruption un instrument d’élimination d’adversaires politiques ou un outil véritablement au service du développement socio-économique harmonieux du Mali ? L’avenir immédiat nous le dira. En tout cas, son homologue sénégalais, Macky Sall, lui a ouvert la voie avec le très retentissant dossier dit des biens mal acquis.

Président ATT. Photo web
Président ATT. Photo web

Les chantiers qui attendent Ibrahim Boubacar Keïta sont nombreux et paraissent tous plus urgents les uns que les autres. Parmi ceux-ci, la réforme de l’armée, qui a renversé il y a un an et demi le président ATT. Une armée négligée pendant des années, sous-équipée et humiliée dès les premiers combats de janvier 2012. Une armée aussi marquée par la corruption et des dysfonctionnements dans la chaîne de commandement.

Nous disons que jusqu’à preuve du contraire rien de concret comme action n’a été posé par le nouveau gouvernement qui bien que semble-t-il technocrate. Nous attendons toujours. Bientôt ! Je m’adresserai au chef de l’Etat. Faisons fi citoyen malien de rabaissement insensé, disons ce qu’il faut, dénonçons les inconduites mêmes de personnes de haut rang.

Ainsi, nous pourrions peut être rêvé d’un Mali de Droit…

MOUSSA MAGASSA