Les mariés se cachent pour dormir (1)
De plus en plus d’hommes mariés se cachent pour aller au lit. Ils vivent le un calvaire en couple. Alors, ils se consolent en se jetant dans les bras d’une autre sans regret. Leur refuge : les « grins ». Les «grins» autour d’un thé sont des lieux de détente pour bon nombre de pères de famille. Après une journée de travail acharné, ils viennent se ressourcer loin des épouses devenues désormais des monuments à éviter.
Les « grins », ces espaces de rencontre à Bamako grouillent de monde en été comme en hiver, de jour comme de nuit. On y joue à la belote, aux cartes, à la pétanque, etc. On y boit du thé jusqu’à plus soif. On y parle de politique, de football et surtout d’escapades masculines. Entre hommes, le courant passe. Sans tabou, ils se confient et se consolent. Loin des oreilles indiscrètes de leur femme, les hommes trouvent un minimum de bonheur et un maximum de soutien ici. « Je suis chef de service dans un ministère et chef de grin dans mon quartier. Je donne le prix du thé à mes amis, règle leurs problèmes quotidiens. En retour, ils me tiennent compagnie jusque tard le soir et arrangent mes rendez-vous avec la copine. Je refuse de rentrer tôt. Après le travail, je fais un crochet à la maison pour me changer puis je rejoins le grin. J’ai l’opportunité d’aller prier, de voir ma douce copine et de m’assurer que madame s’est endormie avant mon arrivée » détaille Abou, cadre de l’administration. Son ami, Bob, qui a pris des coups de rides embraye « à la maison, les femmes ne font que poser des problèmes. Elles ne savent pas discuter, elles se disputent. Elles ne savent pas chérir, elles nous pourrissent la vie alors mieux vaut rester ici jusqu’à des heures tardives et à l’aube on se rend à la mosquée sinon tu termines la journée par des piaillements et tu la commences par des récriminations. Nos maisons sont des enfers dorés et si tu parles de divorce, les parents te conseillent de persévérer, c’est triste ».
Dans cet autre grin situé en pleine capitale, les hommes jouent à la pétanque, aux cartes, au damier et au scrabble. Ils occupent un espace vert bien aménagé, éclairé et surveillé. Ils semblent bien organisés et ont même engagé un gardien. Tous salariés, ils cachent leur déception sentimentale. Ils viennent de plusieurs quartiers pour passer du bon temps et recevoir leurs copines. Zoumana Fofana, propulsé chef de grin, approuve le sujet du reportage et déroule « nos épouses sont des « tchoroni »1, de véritables perroquets qui parlent sans arrêt raison pour laquelle nous les fuyons pour le grin. Je vous jure que même pour jouir du lit conjugal il faut négocier et avec des risques d’insatisfaction donc nous avons préféré constituer notre bande de petites copines, louer une villa et refaire nos vies. Faute de pouvoir nous en séparer, nous souffrons à la maison et jouissons de la vie dehors. Les femmes sont mortelles, elles ont une cervelle à la place du cerveau or, avant le mariage elles n’étaient pas comme ça. Dieu nous comprendra », a-t-il ajouté comme pour se justifier.
Bouaré, capitaine de son état, avoue : « Je suis officier, mais à la maison, je suis un mouton dominé qui courbe l’échine face à une femme bagarreuse. Elle parle, épie, suspecte et voit le mal partout. Je lui ai même trouvé une petite sœur que je lui cache, car si elle l’apprend je suis mort, alors avant de mourir je profite de la vie. Mon ami, avec une femme souris, il faut se prémunir ». C’est quoi une femme souris ? Bouaré nous invite à siroter un petit verre avant toute explication !
1. « tchoroni » personne ou chose qui tire davantage vers le bas.
A suivre…
Mousssa Magassa/ Makhtar Diop
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