Bamako : les flics véreux foisonnent nos rues
Des rues non bitumées, des feux tricolores dysfonctionnels, des panneaux de circulation invisibles, aucun panneau d’éclairage. Pourtant un agent de police véreux se cache derrière une foule impressionnante d’usagers. Il attend sagement sa proie : les conducteurs de moto. Telle est en général, l’image de la circulation dans la capitale malienne.
Comme d’habitude, cela ne gêne personne. On contribue même par ignorance à encourager l’augmentation des flics marrons. Selon un sociologue, la majorité des jeunes qui postulent chaque année au concours d’entrée à la Police n’ont qu’un seul objectif. Ils souhaitent tous finir au bord des routes où ils feront pis que leurs aînés, c’est à dire racketter le plus de personne possible ; en général, les conducteurs de moto Jakarta (modèle de moto apprécié des Maliens).
Comment ça marche ? Certains agents de police, à travers leurs agissements, sont la preuve palpable que le Mali est loin d’être un pays sérieux. Déployés sur les artères où la circulation est plutôt dense à longueur de journée (le grand marché d’Haraïda, l’artère principale de Magnamougou, le 3è pont de Moussabougou), nos agents de Police se frottent très souvent les mains pendant leur service. Toutes les occasions sont bonnes pour ces hommes en uniforme de se faire de l’argent. Si la logique voudrait qu’un agent de Police déployé sur le terrain se tienne dans une position visible et dissuasive afin d’éviter que les usagers ne violent le code de la route, à Bamako, c’est le contraire. Dans son uniforme bleu et noir, le policier Bamakois préfère plutôt se cacher derrière la foule dans les grands marchés ou il décide simplement de se mettre derrière une pancarte vétuste hors d’usage sur les grands artères. Il y a lieu de se demander ce qu’il fait dans cette posture. C’est simple : c’est un agent aussi véreux et vicieux que le chef de poste qui lui a notifié de se positionner là afin de racketter le maximum de conducteurs de moto. Le sifflet suspendu aux lèvres, d’un bond, il saisit le guidon du jeune homme qui passe le feu rouge. Sans attendre qu’il réagisse, il se presse de retirer la clé de la moto. Désormais, le conducteur est obligé de le suivre.
Chaque fois que le feu passera au rouge, c’est entre 3 et 5 usagers qui sont aux mains d’un ou plusieurs agents de police. Pourtant, les feux tricolores, en général, ne marchent plus. Mais ça, ce n’est pas ce qui les intéresse. Généralement pressé, bien que sans grande raison, le Malien lambda, aux mains de la Police, se met à négocier l’obtention de sa moto. Je rappelle que rares sont les flics maliens qui savent réellement ce que c’est qu’une contravention et les conséquences qu’elle implique. A Bamako, ce n’est pas grave, puisqu’un billet de 1000 Fcfa pourrait régler l’affaire. D’un geste brusque, le flic véreux attrape le billet que lui tend son pigeon. Et voilà, le tour est joué. Place donc au suivant. Durant toute la journée, le même scénario se répétera avec d’autres personnes. Le soir tombé, le groupe ira faire le compte au chef de poste qui partagera enfin le butin selon sa convenance. On passera ensuite la soirée à réfléchir à un nouvel emplacement inconnu ou oublié des conducteurs pour le jour suivant.
Ce qui est certain, qui que vous soyez, vous débourserez cet argent si vous souhaitez vaquer à vos occupations. Mais si vous avez un carnet d’adresse important, un coup de fil pourrait remédier à cette scène de corruption pratiquée sur la place publique.
Il y a les uns et il y a les autres. Un soldat est-il au dessus de la loi ? Oui, à en croire les agents de police dans les rues de la capitale malienne. On le sait, dans tous les pays du monde, la police est chargée de veiller au respect des normes dans la cité. Les agents de police déployés sur le terrain, notamment sur les points stratégiques de certaines zones, veillent au respect strict du code de la route. A Bamako, la réalité est toute autre. Ce n’est plus un secret pour personne, le Malien est un être humain atypique. Un peuple atypique aux gestes et attitudes très souvent considérés comme révolus dénudés de raison. Sinon, comment expliquer qu’il soit permis à un soldat de violer toutes les règles du code de la route sans être inquiété ? « C’est moi qui décide, je fais ce que je veux. Je ne l’arrête pas un point c’est tout », avait coupé court un agent de Police qui avait laissé passer un militaire alors même que le feu affichait rouge. L’usager qui lui avait fait le reproche venait ainsi de compliquer sa situation. Car il savait que 1000 Fcfa ne pourrait plus régler son problème. Il se mit donc à consulter le répertoire de son téléphone portable à la recherche d’un contact qui le sortirait de cet embarras. Il avait intérêt à connaitre une personne haut placée, sinon, c’était entre 5000 et 10 000 Fcfa pour le flic ou sa moto Jakarta serait conduite au poste. Ce que redoute tout le monde parce que là bas, la corruption a atteint un autre stade.
Commentaires