Mort d’IBK : de quoi les maliens avaient-ils peur ?

Article : Mort d’IBK : de quoi les maliens avaient-ils peur ?
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16 juillet 2015

Mort d’IBK : de quoi les maliens avaient-ils peur ?

Une fois de plus le spectre des rumeurs a frappé à Bamako. Cette fois ci le coup a été à la fois difficile et inquiétant pour les populations qui jusque-là n’avaient pas encore pesé le rôle important que joue l’homme au boubou personnalisant dans le maintien de la paix au Mali. Il y a une semaine son excellence Ibrahim Boubacar Keïta s’envolait pour la Turquie. Au Journal Télévisé (JT) de 20h, l’ORTM véhiculait l’info dans lequel on expliquait que ‘ladjibrouma’1 s’y rendait dans un cadre de renforcement de partenariat entre les deux pays. On sait pour un voyage de ce genre, le chef d’Etat se déplace toujours avec quelques ministres du gouvernement et de quelques chefs d’entreprise privée ou publique, par moment. Or cette fois, ce ne fut pas le cas, car IBK s’est rendu en Turquie accompagné que de ses hommes de confiance qui le suivent partout. C’est l’exemple de son docteur et de son garde-corps, un tas de muscle à la face toujours froissée. Bref, loin d’être dupe, le peuple malien qui suit de près chaque fait et geste de ladjibrouma surtout ses nombreux déplacements que beaucoup qualifie de dépenses inutiles ne s’est donc pas fait prier pour se créer des explications sur ce mysterieux voyage.

Ibrahim Boubacar Keîta. Phto Web
Ibrahim Boubacar Keîta. Phto Web

Zéro communication.
Pas besoin d’être devin pour savoir que lorsqu’un chef d’Etat part dans un pays étranger dans le cadre des affaires comme l’a présumé la télévision nationale malienne, une communication permanente doit relayer au quotidien les activités, rencontres et décisions prises sur place. Alors dès le premier jour de sa visite, l’on s’attendait à Bamako à une retranscription de son arrivée sur le sol turquoise. Durant trois jours, ce ne fut pas le cas. Est-ce une décision du grand chef ? La structure de la communication de la présidence serait-elle faillible ? Autant de questions qui a traversé l’esprit ancestral des maliens qui ont dû se créer une vitrine pour palier à ce manque d’information autour d’un voyage qui au début a passé inaperçu.

Rumeurs sur rumeurs.
De bouche-à-oreille, du Malien moyen, aux autorités du pays, l’information a circulé comme une trainée de poussière. Tout le monde disait : «J’ai entendu de source sûre» ; «Nous avons été informés par des proches», ou encore «Les téléphones de son entourage sont fermés». En plus des Maliens au Mali, ceux de l’extérieur ont été paniqués. Tout le monde voulait savoir la réalité : IBK est-il réellement mort en Turquie ? Si oui, quelles ont été les raisons d’une telle mort subite ? Là encore autant de questions inexpliquées. Dans cette même lancée, une inquiétude naquit dans les cœurs et a débouché une fois de plus sur une préoccupation de taille. Qui après Ibrahim Boubacar Keïta ?

Le fameux article 36 de l’intérim.
Au Mali comme dans plusieurs pays africains francophones, il est prévu dans les textes de la constitution, un article dont les dispositions prévoient l’intérim en périodes dites exceptionnelles. La constitution du 25 février 1992 prévoit en son article 36 que : « en cas de vacance de la Présidence de la République pour quelque cause que soit ou d’empêchement absolu ou définitif constaté par la Cour Constitutionnelle saisie par le Président de l’Assemblée Nationale et le Premier Ministre, les fonctions du Président de la République sont exercées par le Président de l’Assemblée Nationale. » Et bien l’article 36 aurait une fois de plus fait mal au peuple si seulement les rumeurs autour de la fameuse mort d’IBK s’était avéré vraie. Loin d’avoir oublié le cas d’ATT et de Dioncounda Traoré battu à Koulouba après qu’il est assuré l’intérim en 2012, le fameux article 36 aurait fait plus de mal que de bien. Mais d’où venait cette peur donc ?

Le problème Issiaka Sidibé.
On a pour habitude de dire en Afrique qu’un homme incapable de diriger sa famille ne saurait prétendre à un poste de responsabilité et ce même lorsque la situation s’impose à vous. L’honorable Issiaka Sidibé occupe les fonctions du président de l’assemblée Nationale depuis 22 janvier 2014 fait objet de débat au sein de l’institution où beaucoup n’hésitent pas à souligner son incompétence. Et bien c’est celui-là qui serait devenu le président de la République par intérim si la rumeur autour de la mort d’IBK avait été vraie.

Entre le mal et le pis, les maliens souhaiteraient ne pas à avoir à faire un choix.

Moussa MAGASSA

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