Moussa Magassa

Etat d’urgence à la malienne: entre rire et colère

Instauré pour contrer les menaces qui planent sur la sécurité des personnes et de leurs biens, l’état d’urgence, qui, prorogé avec l’accord unanime du parlement jusqu’au 31 mars prochain sur l’ensemble du territoire malien, suscite toujours le débat. Aucun constat de renforcement du dispositif de sécurité, ni de mesures restrictives de libertés publiques ou individuelles à l’ordre du jour. Pourtant, le territoire national est en état d’urgence. Un mélange de style d’article de journal et de billet de blog pour apporter une explication à ces nombreuses interrogations.

A ce jour, le Mali a connu quatre situations d’état d’urgence. Décrété pour la première fois en juillet 1990 après l’éclatement d’une rébellion touarègue dans les régions de Gao et de Tombouctou, l’état d’urgence a de nouveau été instauré en 2013, à partir du 12 janvier au moment de l’offensive des djihadistes sur la ville de Konna, et cela pendant 6 mois. La mesure a été décrétée après l’attaque du 20 novembre à l’hôtel Radisson Blu de Bamako pour 10 jours, et de nouveau le 21 décembre pour la même durée. Le hasard du calendrier a fait que deux fêtes importantes, le Maouloud et Noël, entraînant des regroupements humains importants facteurs de risques, étaient célébrées en même temps, ce qui est sans doute l’une des raisons de l’état d’urgence, qui a occasionné de nombreux débats portant sur le timing de la décision, intervenant la veille du Maouloud 2015. Après la longue explication du ministre de l’Enseignement supérieur, Me Mountaga Tall, le 30 décembre à la télévision nationale, d’autres justifications suivront, notamment celle du ministre de la Sécurité et de la Protection Civile, le colonel Salif Traoré. Dix jours après, l’état d’urgence était à nouveau prorogé, cette fois-ci pour 3 mois, ce qui a nécessité, conformément à la loi, une validation par l’Assemblée nationale, réunion en session extraordinaire.

Le discours politique, bien qu’hésitant au début, consiste à dire que cette mesure garantit la sécurité des personnes et des biens, et qu’elle n’a pas pour objectif de restreindre les libertés individuelles, ou de confiner les Maliens à l’austérité. Selon Maître Abdoulaye Sidibé, avocat, « l’état d’urgence reste un régime restrictif des libertés publiques ou privées pouvant être appliquées par décret ou par la loi sur tout ou une partie du territoire de la République, soit en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public, soit en cas d’événements présentant par leur gravité le caractère de calamité publique ». Une explication corroborée par Amadou Mahamane Sangho, du ministère de la sécurité, qui ajoute que l’état d’urgence permet de renforcer les pouvoirs des gouverneurs dans les régions et des préfets dans les cercles, qui pourraient après évaluation de la situation prendre des mesures qui modifieraient sensiblement l’exercice des libertés publiques et des libertés individuelles. Ce n’est pas tout, ajoute l’avocat, les mêmes autorités peuvent interdire des activités à haute intensité de risques ou procéder à des perquisitions de jour comme de nuit. Pourtant, personne n’a osé interdire la célébration du Maouloud, qui raîne pourtant des dizaines de milliers de musulmans.

L’état d’urgence dans la pratique

Dans la réalité, depuis l’instauration de cette mesure le 20 novembre, une centaine d’assignations et de perquisitions ont été menées par les forces de l’ordre. Pour des raisons sécuritaires, le ministère de la Sécurité et de la Protection Civile n’a pas voulu communiquer de chiffres précis. Qu’à cela ne tienne, malgré les réactions mitigées de la population, l’état d’urgence a permis de modifier et muscler le dispositif de sécurité sur toute l’étendue du territoire national, notamment dans la capitale. En effet, les contrôles ont été renforcés aux abords des grands hôtels comme le Radisson ou le Salam, dont l’accès a été restreint au grand public. Les lieux de cultes ont également subi des conséquences, notamment les églises, particulièrement le soir de la veillée de Noël et du réveillon du 31 décembre. Selon, quelques fidèles, l’entrée des églises catholiques et protestantes a été interdite aux véhicules, avec des fouilles rigoureuses des forces de l’ordre. Par ailleurs, dans les aéroports, cette situation prend réellement son sens, à en croire, le message adressé aux voyageurs, il y a quelques jours. Il leur est recommandé de s’y rendre avec une heure supplémentaire d’avance, en raison du caractère minutieux et long de la fouille des véhicules et des personnes. Malgré tout cela, l’état d’urgence n’est pas respecté par tous. La Minusma, qui est censée jouer un rôle sécuritaire, a parrainé un méga concert le jeudi 7 janvier au stade Mamadou Konaté, et le rappeur Akon a prévu un concert le 16 janvier au Stade Modibo Keïta de Bamako.

Sérieusement me croyez-vous? L’état d’urgence au Mali dans la réalité c’est le laisser aller total. On fait ce qu’on veut, comme on veut, et quand on veut. Les Bars et les boites de nuit sont pris d’assaut les soir par les fêtards. Une patrouille aussi timide qu’invisible sillonne les rues par moment sans conviction. C’est cela la réalité actuellement et non les beaux discours de journaliste comme c’est écrit là haut. Mais bon on doit vivre non!

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Vue sur la rue princesse de Bamako malgré l’état d’urgence.

Gouverneurs et préfets en première ligne

L’état d’urgence étant un cadre général, il appartient aux autorités administratives de décliner le plan d’opération après évaluation de la situation sécuritaire. Dans le district de Bamako, la compétence est dévolue au gouverneur du district. « Le gouvernorat est à l’œuvre avec les autres acteurs (maires) pour décliner une feuille de route. D’autres dispositions devraient suivre pour compléter le dispositif actuel, indique encore Hadi Traoré, gouverneur du district de Bamako. À cet égard, le ministère de la sécurité a aussi procédé à des remises de véhicules et d’équipements à certains corps comme la police ou la gendarmerie ces derniers jours. « On voit que des efforts sont faits par les autorités pour mettre les forces de l’ordre dans les meilleures conditions pour parer la menace terroriste. Cela dit, beaucoup reste encore à faire, notamment en termes de renseignement et de maillage territorial », admet ce commissaire du 14ème arrondissement de Bamako, dont les hommes étaient en première ligne lors de l’attaque du Radisson. C’est d’ailleurs un appel de l’intérieur de l’hôtel qui avait poussé ces derniers à réagir promptement, et tôt, dans la matinée du 20 novembre 2015.

Oui c’est cela, jusqu’à quand va t-on continuer à chanter l’exploit des forces armées maliennes lors de l’attaque de l’hôtel Radisson Blu. Là on parle d’état d’urgence bon Dieu. Qu’ils le comprennent enfin. Le gouverneur quand à lui après m’avoir presque fermé à nez la porte de son bureau, il s’est finalement résigné à m’expliquer la situation en ces mots que j’ai dû améliorer pour le journal, « vous savez jeune homme nous sommes actuellement au travail pour faire l’état des lieux et prendre les mesures qu’il faut parce que, actuellement, rien n’est fait. C’est pourquoi on se dit qu’il n’y a pas d’état d’urgence ». C’est dire que quatre jours après la prorogation soit quatorze jours après la ré-instauration de l’état d’urgence, le gouverneur du District n’avait jusque là pas encore levé le petit.

Désormais, tout l’enjeu réside dans la capacité de réaction rapide face au danger. Bien que le gouvernorat et le département de la sécurité restent convaincus d’être en situation exceptionnelle, « l’écart entre la théorie et la réalité du fonctionnement du dispositif reste grand. En cause, le manque de responsabilité et les lacunes dans le suivi constant des mesures sur le long terme », décrie ce gradé qui a requis l’anonymat. Si le guide spirituel, Ousmane Madani Cherif Haïdara a bel et bien fait le plein au stade du 26 mars à l’occasion de la célébration du Maouloud 2015, le risque était énorme quant on sait que les 750 hommes mentionnés pour sécuriser les fidèles n’ont pas tout à fait été au rendez-vous. Cela dit, réaffirme Hadi Traoré, gouverneur du district, personne ne devrait être surpris si des rendez-vous culturels comme le festival sur le Niger venaient à être interdits, car peu importe le procédé d’instauration de l’état d’urgence, le plus important, est que le gouvernement prenne les mesures nécessaire pour garantir la sécurité de la population. Mieux, la responsabilité du gouvernement l’incite à prendre davantage de mesures persuasives afin que la notion même d’état d’urgence soit réellement intégrée par tous les Maliens.

Croyez le ou non, au Mali, il y a d’un coté, les religieux qui imposent leur volonté au gouvernement parce que soutenus par une foule de personnes dont la conscience a été gommé par les prêches. De l’autre, il y a les gens comme moi qui tant bien que mal essaient de respecter les normes préétablies parce que convaincus que l’Etat de droit, c’est aussi possible au Mali. Malheureusement, c’est la deuxième catégorie qui est vue d’en bas. On dira que la société bouge quand même. Oui, mais le mouvement pour celui qui veut bien le voit est régressif.


Retour de TIDOU : l’éternel migrant

Depuis un certain moment, l’immigration est au cœur des débats au niveau mondial. Entre souffrance et espoir, parce que convaincu de trouver une vie meilleure à l’autre bout du monde, chaque jour des milliers de personnes bravent les dangers de l’océan atlantique. Certains, après avoir menés une vie difficile dans leur pays d’accueil, arrivent tant bien que mal à se construire une vie au bercail. D’autres, par contre, n’y retourneront jamais. Tidou est un migrant qui, de retour au bercail après quarante années de services loyaux à la France, s’indigne contre une nouvelle génération d’africains qui souhaitent toujours partir. J’ai décidé de vous rapporter une partie de ses discussions dans un style poétique avec un jeune homme, malheureusement resté dans un naufrage sur les côtes libyennes.

Caricature d'un tirailleur sénégalais. Crédit photo Jeremy Dumond_files
Caricature d’un tirailleur sénégalais. Crédit photo Jeremy Dumond_files

 

Je suis désormais en droit de fouler mon sol, ma terre, mon Afrique chérie. J’y atterrirai par avion, comme un touriste ou un chef d’entreprise, mais je resterais à jamais un migrant.

C’est mon historie comme celle de millions d’autres, hier, aujourd’hui, demain?

Economique ou refugié, où est la différence pour l’exilé? Je suis un homme, j’ai un nom, une famille, des rêves. Est-ce de ma faute à moi si j’ai dû quitter ?

Je ne pense pas, non.

Economique ou refugié, où est la différence pour celui qui t’ouvre les bras ? Tu le sais, toi ?

Tu es jeune, tu as fait des études, tu écris dans un grand journal de presse. Explique-moi si quelqu’un y comprend quelque chose ?

Tu veux partir, toi ? Tu es prêt à laisser ta peau pour vivre quoi là-bas ? La même histoire que moi ? Attends j’te raconte un peu !

L’intégration, oh ! Difficile à avaler ce morceau qui m’est jusqu’à ce jour resté dans la gorge, mais une vie est une vie et je n’ai pas gâché la mienne, j’en suis fier.

Je ne suis peut-être pas une star, mais dans mon quartier j’étais une vedette et des amis, j’en avais énormément. C’est le vieux TIDOU qui te parle, mon p’tit.

Manger et boire à satiété, vivre en paix, voir grandir ses enfants sans avoir peur pour eux chaque matin, chaque nuit, c’est la chance que je me suis offerte, même s’il faut en payer le prix.

Laisser son village loin derrière et sentir dans son cœur le poids de l’exil tout en faisant bien son travail, c’était mon choix et j’en suis fier.

Écoute-moi jeune homme ! Si j’avais eu le choix comme toi, je serais resté, construire la paix pour mes enfants, puisque ces pays riches financent les guerres qu’ils condamnent ensuite.

Si j’avais eu le choix, comme toi, je me serais battu ici pour les sans voix au lieu de me taire là-bas.

Et si j’avais eu le choix, comme tu en as la chance aujourd’hui, j’aurais à travers ma plume donné à la démocratie son sens, hélas perdu dans nos pays.

Ça t’amuse plus on dirait ! Hum ! Hum ! Hum ! Tu as raison, car ça n’a rien d’amusant crois-moi. J’avais un objectif et une priorité, c’est ce qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui.

Celui dont on est fier et qu’on cite en exemple dans les mosquées et dans le village. Tu vois, je profite donc de mon choix. Or, la réalité est tout autre aujourd’hui mon garçon.

Mais je ne t’apprends rien.

En ce 21è siècle, que penses-tu aller chercher de l’autre côté, là-bas, que tu ne pourrais construire ici, dis-moi. Ne vois-tu pas que les portes sont fermées pour toi. Ne sois pas dupe, mon garçon, ton bonheur c’est ici et nul par ailleurs.

Toi qui a eu la chance d’étudier Senghor du Sénégal, Thomas Sankara du Burkina, Modibo Keïta du Mali, Kwamé N’Kruma du Ghana, tu devrais savoir qu’ils étaient fier, eux, de construire l’Afrique.

Un siècle plus tard, on se souviendra à jamais d’eux. Et toi aussi, si tu fais le bon choix, non le meilleur des tous, je dirais : rester au pays et dire non pour une fois à l’immigration.

Ceci est un appel à la nouvelle génération africaine en général et du Mali en particulier. Si partir était une solution dans le passé, aujourd’hui, la réalité est malheureusement différente. Rester pour construire son pays ou risquer sa vie pour un idéal qui dans très souvent des cas, n’est qu’utopie. 


La peur de ma vie dans le Boeing 767 de Ethiopian Airlines

Départ brusque.

Ce fut la peur de ma vie à bord du Boeing 767 d’Ethiopian Airlines. Deux fois j’ai eu peur mais j’ai cru que la seconde fois était mon dernier jour sur la terre. Attendez, je vous raconte! Il est 3h du matin lorsque j’ouvris les yeux ce matin du 7 décembre, jour de mon retour à Bamako après dix jours de formation à Dakar avec l’équipe RFI dans le cadre de la formation Mondoblog. Toute la journée du 6, je n’ai cessé de me retourner la période où je serai à bord du Boeing 767 qui me ramènerait à Bamako.

Première expérience inquiétante.

Il faut dire que pour une première expérience dans un avion, la durée du vol Bamako-Dakar le vendredi 27 novembre dernier m’était encore restée dans la gorge. Des secousses à n’en pas finir. Du hublot où j’étais assis, rien de bon ne me venait à l’esprit. Tous les passagers sans exception me paraissaient suspects. L’attentat de l’hôtel Radisson Blu de Bamako en était pour quelque chose, je crois. Plusieurs fois, j’ai eu envie de vomir mais rien ne me vint, heureusement, sinon mon voisin l’aurait pris en plein visage vue que c’est à lui que je m’accrochai à chaque inquiétude. A 1h 45 plus tard, nous atterrîmes tant bien que mal à Léopold Sedar Senghor. Je remerciai Dieu et ma mère pour ses bénédictions.

Toute la soirée à l’hôtel, j’interpellai mon colocataire sur les secousses bien qu’il a fait partie du voyage. Mais ce qui l’avait plutôt marqué, lui, c’était différent. Il s’indignait plutôt de la qualité du service gastronomique à bord qui, pour lui, était à chier. Bon on n’avait pas les mêmes problèmes, me suis je dis.

Peur- Boeing 767- Ethiopian Airlines- Dakar- Bamako
Des passagers troublés et indécis. Crédit photo: Ivo Dicarlo

Mais revenons au voyage du retour sur Bamako.

Départ 1, raté.

Il est 4h 25, lorsque nous arrivons à l’espace Thialy, lieu de RDV pour l’aéroport. Le bus qui devait nous conduire était déjà parti avec un autre Blogueur de la RDC Congo. Nous avons donc pris un taxi après avoir traîné avec difficulté nos bagages jusqu’au goudron. Comme si cela ne suffisait pas, le chauffeur du taxi emprunte une ruelle sans lumière qui semble-t-il est un raccourcis. Qui lui dit que nous sommes pressés! Me suis-je étonné un instant. Grâce à Dieu, ici aussi il y eu plus de peur que de mal.

Venue tôt pourquoi faire?

A l’aéroport Léopold Sedar Senghor. Il est 5h du matin. Le personnel d’Ethiopian Airline s’installe à peine à leur bureau. Certains ne sont pas encore bien réveillés, d’autres, munir d’un stylo et d’un badge font semblant de remplir un document. Cette fois ci nous n’eûmes pas à enlever nos chaussures et ceintures au contrôle de police. Les Sénégalais ne sont pas aussi paranos que les maliens. Bon ils n’ont pas les djihadistes chez eux, c’est normal!

Embarquement à problème.

7h 10. on accoure à l’arrêt du mini bus pour faire le rang. Bientôt tout le monde est installé dans le Boeing, enfin presque, sans compter quelques-uns qui jouent encore aux habitués des vols. Comme si on pouvait vraiment s’habituer aux instants où la mort pointe son nez à chaque moment pour vous rappeler qu’elle existe aussi. Du genre, « he ho je suis là ».

Nous devions décoller à 8h de Dakar pour atterrir à Bamako à 9h 45 minutes. Dix minutes plus tard, nous sommes toujours là. Le bruit alourdissant du moteur de l’avion me fout la trouille. Là, c’est sûr je suis parano autant qu’un individu au milieu d’une fusillade en zone de guerre. Cinq minutes plus tard, c’est bon on va décoller, l’écran d’en face me dicte latitude à observer avant, pendant et durant le vol. Très important pour quelqu’un, comme moi, qui n’avait jamais fait de l’avion auparavant.

Entre surprise et inquiétude.

Les impressions avant le décollage sont presque les mêmes, que vous soyez novices ou pas. J’attachai ma ceinture à casser mon dos et me saisis fermement du levier de telle sorte que deux lutteurs sénégalais ne sauraient m’arracher à mon siège. « Vas-y tu peux te détendre maintenant »,  a lancé mon voisin qui s’est sûrement dit qu’il fallait me remonter le moral. Dix minutes plus tard, alors que j’avais pris un mal fou à me convaincre que ce vol était beaucoup mieux que celui du 27 novembre, on nous signale que le Boeing doit retourner sur Dakar faute d’un problème technique.

Peur- Boeing 767- Ethiopian Airlines- Dakar- Bamako
Des véhicules de sapeur pompier sur le tarmac. Crédit photo JeuneIvoiroMalien

Soudain, silence dans l’avion!!!

Sur les visages des interrogations. Mais qu’est ce qui a bien pu se passer pour que cela arrive. La peur avait gagné les cœurs. Le temps semble s’être arrêté pour nous. Durant 35 minutes le Boeing 767 fera le tour sur lui-même au-dessus de l’atlantique. Les commentaires vont bon train. Pendant ce temps, mon voisin et son voisin d’à côté dissertent à foison sur  leurs mésaventures similaire. Mais, franchement, ils ne pouvaient pas s’abstenir de nous foutre plus la trouille actuellement, ceux là hein! Et moi je restai figé, les yeux allant dans tous les sens, je tenais coûte que coûte à écouter les avis des uns et des autres, prendre note de chaque mot et impression. Mes doigts tremblaient, je transpirais malgré la climatisation à bord. Par moment, j’affichais un sourire à ma voisine de derrière, cette pauvre dame d’une soixantaine d’année qui avait perdu depuis plusieurs minutes tout son bon sens. Et lorsque le Boeing 767 de l’Ethiopan Airlines se posa au sol, un ouf de soulagement se laissait entendre. Tous se sont levés, prêt à débarquer. Oumou Sangaré, la diva de la musique malienne, l’équipe nationale espoir de football et les entraîneurs et toutes les autres grandes personnalités à bord  ne voulaient plus entendre parler de cet avion. Pourtant, nous embarquerons 1h 45 minutes plus tard lorsque l’équipage nous rassurâmes que la panne technique avait été réparée.  Pourquoi nous l’avions fait, personne ne savait vraiment.

Un autre essaie avec les passagers à bord.

On nous avait rassuré que tout allait bien. « Nous sommes des professionnels et nous ne saurions délibérément mettre en danger votre vie. La panne a été réglée et croyez-moi nous pouvons y aller maintenant », nous avait rassuré une responsable de la compagnie. Nous avons donc accepté d’y croire bien que plus personne n’était réellement convaincu à part l’entraîneur de l’équipe nationale du Mali des moins de 23 ans. Pour lui, si on devait tous mourir ce lundi 7 décembre à bord d’un avion alors ce serait le cas sinon nous serions présent le jour suivant. Un avis loin d’être partagé par les athées et même quelques croyants qui ont certainement pensé toute suite qu’il était fou. Moi j’écrivais pour ne pas trop stressé. 11h 45, le même avion décolla. Du hublot de mon siège, j’ai sentis toute suite que ça été une mauvaise idée d’être resté dans cet avion car je pouvais remarquer que les ailes de l’avion avaient des difficultés à se déployer mais si je ne pouvais partager cette information autour de moi de peur que la bonne dame de derrière ne me zèbre de questions auxquelles je ne saurait répondre. Moins de 20 minutes, on nous appris que l’avions ferait une fois de plus demi-tour sur Dakar. Et c’est là que tout se complique pour nous. Contrairement à la première fois, nous avons failli pour de vrai s’écraser. Je ne sais plus combien de personne avaient pleuré lorsque l’avion perdit son équilibre au dessus de l’atlantique mais la tristesse et la peur se lisaient réellement sur les visages. Même le coach avait cessé de faire son numéro. Tous suppliaient le bon de Dieu afin que nous atterrîmes sur le tarmac de l’aéroport de Dakar saint et sauf. Nos prières furent entendu car à 12h 15 c’était la fin du suspense. Certains applaudirent tandis que d’autres insultèrent l’équipage pour avoir mis nos vies en danger.

J’ai eu peur, peur à pisser dans mon froc! Un avion est différent d’un bus surtout lorsque que celui-ci tombe en panne. Nous avions eu de la chance. Et personnellement, je ne cesserai de remercier Dieu et ma mère pour ses bénédictions. Mais une chose est certaine, s’il m’est donné de choisir prochainement une compagnie aérienne pour mon voyage, c’est claire que Ethiopian Airlines ne figurait plus jamais dans ma liste.

 

 


Mali- Mamadou Hawa Gassama : Portrait du député étrangleur

L’Assemblée Nationale du Mali est connu pour sa mauvaise reputation. Du président actuel, Issiaka Sidibé en passant par les 147 députés que composent l’hémicycle, tous à l’exception de quelques uns, nourrissent encore le débat dans les grins et les marchés. Mamadou Hawa Gassama, député élu à Yélimané n’est pas en reste. Connu pour être directe dans ses faits et dits, je vous livre ici le portrait de celui-là dont le parcours était jusque là pas très connu.

Mamadou Hawa Gassama à la barre de l'hémicycle.
Mamadou Hawa Gassama à la barre de l’hémicycle.

Connu pour son franc parlé à l’hémicycle et taxé généralement de grossier, Mamadou Hawa Gassama, député élu de Yélimané a vu le jour en 1958 soit deux ans avant l’indépendance du Mali. Fils de feu Massire Gassama et d’Hawa Doucoure, celui que certains appelle communément « Sadjo Gassama » a passé la majeure partie de sa vie dans le village lointain de komohoulou où il travaillera la terre. « J’ai grandis dans la brousse et nous allions à chaque hivernage labourer la terre dans les villages voisins contre le paiement d’une somme forfaitaire » a-t-il précisé.

Fils de paysans, il étudiera le coran dès le bas âge et se verra confié à un maitre coranique dans la localité de Sami avec qui il perfectionnera son apprentissage. En 1976 comme tout jeune homme soninké, Mamadou Hawa Gassama nourrit l’ambition d’aller à l’aventure. Il s’expatriait ainsi en Gambie qu’il quitterait trois ans plus tard pour revenir à Bamako où d’autres projets l’attendaient. « Grâce à l’aide de mon frère ainé j’immigrai à Paris en 1979 » a précisé celui qui deviendrait des années plus tard le choix des habitants de Yélimané. De retour au Mali en 1982, il se lance dans le commerce et l’élevage. C’est seulement à partie de 1991 que commence effectivement sa carrière politique. Il devint le secrétaire général de l’Union démocratique du peuple malien (UDPM) de sa localité et siège en tant que membre du conseil du village.

A la demande de la population de Yélimané, Mamadou Hawa Gassama se présente aux élections législatives de 1997 qu’il remporte sans grande difficulté, membre à l’époque du parti ADEMA. « C’est un test que m’ont fait passer les habitants de Yélimané car tous savaient que j’étais illettré. Ils souhaitaient voir ce que je pourrais réaliser pour ma localité ». Un test qu’il réussit avec succès car il sera réélu en 2002, en 2007 et en 2015. Son secret à lui c’est l’honnêteté et la franchise, « lorsque les sages ainsi que la population de Yélimané me demandèrent ce que je ferai pour eux quand je serai élu, je leur répondu ceci: je ne peux vous promettre des écoles, des routes encore moins le développement mais ce dont je suis sure c’est que je mettrai un terme aux mésententes entre les familles, aux problèmes de terre, aux discordes pour occuper le poste de l’imam ainsi qu’aux divorces abusives. Et je l’ai fait » a lancé fièrement l’honorable.

Il mena ainsi un combat acharné contre l’injustice, la calomnie et les crises familiales car dit-il on ne saurait parler de développement sans paix. Quant à son lien avec la majorité présidentielle, l’honorable assurera qu’ils entretiennent de bonne relation avant de préciser qu’en tant que membre de l’opposition son devoir est aussi de dire la vérité. Mieux il ajoutera à l’égard d’Ibrahim Boubacar Keïta, « si quelqu’un apprécie IBK c’est moi mais quand ça ne va pas j’ai le devoir de le lui faire part ». Connu pour s’exprimer en Bamanakan, Mamadou Hawa Gassama dira que c’est son choix à lui afin que son message soit accessible à tous les maliens. Croisés dans les couloirs de l’Assemblée Nationale, plusieurs de ses collègues affirment que c’est une personne intègre et digne de confiance.

Moussa MAGASSA


Vacances de fin d’année : quelle destination pour les maliens ?

Au moment des vacances la capitale bamakoise est prise d’assaut par les individus venus de divers horizons. Les hôtels, restaurants et piscines sont très convoités en cette période. Une situation favorable au secteur du tourisme et de la culture en mal depuis un certain moment. Les Maliens de l’extérieur et les expatriés quant à eux préparent le retour au bercail. Tous ont-ils réellement le cœur aux vacances ?

Voyageur à l’aéroport Bamako Senou. Photo journaldumali
Voyageur à l’aéroport Bamako Senou. Photo journaldumali

C’est bientôt la fin du mois de juillet, plusieurs écoles et lycées ont déjà fermé les portes à Bamako. C‘est l’allégresse chez les élèves et étudiants qui pressent de ranger tout le clic de l’école afin de profiter des vacances. La même ambiance règne du côté des parents, sauf qu’à la différence des enfants, ils espèrent plutôt se retirer dans un endroit tranquille et profiter de quelques jours de repos. Les expatriés ne sont pas mis à l’écart, plusieurs employés des entreprises et ambassades à Bamako attendaient déjà de pied ferme le mois d’août pour se rendre dans leur pays d’origine. La diaspora également effectue un retour dans la capitale malienne. Après les résultats du bac, les écoliers rêvent de passer des vacances inoubliables notamment ceux qui ont réussi le concours tandis que les recalés s’activent aux révisions en attendant avec impatience la rentrée prochaine. Si certains profiteront de leurs vacances, d’autres n’en n’auront point retenus par des obligations professionnelles ou pour des raisons personnelles. Quoiqu’il en soit, pour ces vacances comme pour les précédents, le citoyen lambda a obligatoirement un programme. Mais lequel ? Les destinations ainsi que les occupations diffèrent sans nul doute en fonction du statut et fonction des uns et des autres, du moins c’est le constat qui ressort après un tour de reportage dans la capitale malienne.

Un passetemps à plusieurs volets.
Les vacances paraissent plus occupantes pour les élèves et étudiants. Les destinations et occupations diffèrent selon le statut de la personne, pauvre ou riche. Les personnes démunis malheureusement les plus nombreux à l’intérieur du pays sont occupés à se trouver du boulot afin de pouvoir faire face aux dépenses de la rentrée prochaine. D’autres par contre, retourne au village pour aider les parents dans les travaux champêtres. A la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako (FSJP), l’ambiance n’est plus à la fête et aux grins de thé à cette approche des examens. Assis sous un arbre Ibrahim Cissé un cahier à la main discute avec des amis. « Il n’y a pas de vacance pour moi car je viens de terminer avec la Fac et il me faut de toute urgence trouver soit un emploi soit un stage » a-t-il confié. Un peu plus à gauche, Bouba le plus jeune probablement, les yeux écarquillés, le visage amusant se presse d’enchainer, « moi je compte aller visiter la capitale ivoirienne avec mes parents » avant d’ajouter sur un ton moqueur qu’il n’a pas le feu aux fesses. Quant à Amadou, proche de la trentaine, la face crispée, un ancien de la faculté sans doute semble absent d’esprit. Il accepte néanmoins de nous partager de ses projets, « Bouba a raison de se réjouir car tous n’ont pas cette chance. Il n’y a pas de vacances pour moi cette année, il n’en a jamais eu d’ailleurs car pour aller en vacances il faut à mon âge avoir au moins un boulot stable. J’irai au village pour quelques semaines et ensuite je reviendrai pour mes cours à domicile en attendant que de trouver mieux » a-t-il lâché. Loin des réalités citées plus haut, certains parents d’élèves préfèrent inscrire leurs enfants pour des cours de vacances. C’est plus bénéfique semble-t-il pour ceux qui passeront les vacances à la maison, a confié une mère de famille.

Le « faux retour » au bercail.
Pendant que du côté des élèves et étudiants l’incertitude continue de planer, les expatriés et les maliens de la diaspora quant à eux bénéficient d’une atmosphère plutôt dégagée. A Bamako, les employés du secteur privé iront en congé dès le mois d’août. Tous ont des projets de voyage sur le pays d’origine, du moins c’est ce que laisse paraitre la situation actuelle au sein de plusieurs entreprises sur place. A l’Institut Français de Bamako, le personnel est en congé depuis ce vendredi. Un mois de congé ou plus durant lequel les employés expatriés retourneront en France. Louis Gaudin, journaliste reporter souhaite au préalable rendre visite aux parents à Paris et passer du bon temps avec les amis. Du côté de la diaspora, la présence de quelques-uns se faire déjà sentir dans la capitale. Les piscines, les boîtes de nuit et les restaurants sont pris d’assaut par les jeunes parisiens et autres venus de la diaspora. Venus pour un laps de temps, les vacanciers évitent les concessions familiales où ils se sentiront envahis. Comme solution, pour fuir la promiscuité de la grande famille, ils optent pour une chambre d’hôtel ou un appartement déjà meublés en pleine expansion actuellement à Bamako.

Appartements meublés et innovation dans les restaurants.
Côté gastronomie, le poids des vacances se fait également sentir. A Bamako le nombre des restaurants et hôtels ont augmenté en 2015. L’objectif est d’attirer un grand nombre de clients. Un souhait réalisable que lorsque les conditions sont réunies. Dans les murs du groupe Azalaï Hotels précisément à l’hôtel Salam, il y a du nouveau du côté du restaurant et du menu : menu à la carte avec des suggestions du chef Séraphin Ehouman et une animation autour de la piscine avec des punchs et cocktails exotiques ainsi que l’ouverture du restaurant gastronomique le beau rivage. A l’hôtel Radisson, au restaurant Amandine ou au Rabelais l’heure est aux innovations à l’approche des vacances. Convoités par les Maliens de l’extérieur et les touristes, les appartements entièrement meublés sont également à la mode et ce d’autant qu’ils sont moins chers : entre 30 000 et 100 0000 Fcfa la nuit. Pour ajouter la cerise au gâteau, les véhicules de luxe mis en location par des particuliers dont l’activité continue à prendre de l’ampleur sont empruntés par les vacanciers tout le long du séjour.

Vacance et rien.
Le terme vacance ne semble pas apparaître dans le carnet de certains. Moussa Mara, ancien premier ministre confie que les vacances ce n’est pas son fort avant d’ajouter qu’il préfère mieux rester occupé. Une autre grande personnalité quant à lui se consacrera à son champ pendant ses congés. Ibrahim Maïga, jeune leader préfère quant à lui mettre à profit ses jours de repos à des activités citoyennes.

Moussa MAGASSA