Moussa Magassa

Père, je ne suis pas encore « Président du Mali »

A l’occasion de la fête internationale des pères, je voudrais te rendre hommage pour ta contribution inestimable dans ma vie actuelle. Merci d’avoir faire de mon existence, une suite logique de tes enseignements. Bonne fête des pères à toi papa !

Il y a six ans que le tout puissant te rappelait auprès de lui. A l’époque j’étais adolescent mais je me rappelle encore aujourd’hui de ce lundi noir comme si c’était hier. Je venais d’être admis au Bac Blanc. Le seul joueur de l’équipe de Basketball du lycée, à Abengourou, dans le royaume de l’Indenié à l’Est de la Côte d’Ivoire. Toi, père tu étais à Bamako hospitalisé depuis quelques jours à l’hôpital du Point G. Hélas je ne m’étais pas rendu comptes de la gravité de la situation.

Longtemps j’ai essayé de t’écrire. Chaque fois, les mots m’ont manqués. Désormais tu reposes au cimetière du point G, loin de ta famille, tes amis, tes enfants à qui tu as offert tout ton amour et ta compassion.

Mon père lors d'une fête musulmane.
Mon père lors d’une fête musulmane.

Six ans après, tu es encore ancré dans nos cœurs. Personnellement, je me surprends souvent à rêvasser sur nos instants de partage.

J’avais 12 ans lorsque j’ai été admis au collège. Tu étais heureux de me présenter au premier venu comme ta fierté. Tu n’hésitais pas une seconde à te réveiller avec moi dès 5h du matin pour ensuite m’accompagner à l’école. Durant 7ans, tu te vouais à cet exercice sans jamais te lasser.

Te rappelles-tu père de cette matinée pluvieuse où tu as insisté pour m’accompagner au lycée malgré les dernières gouttes de pluie ? Lorsque nous avons été aspergés par l’eau stagnante sur l’artère principale du lycée, tu étais rouge de colère. Les insultes et reproches que tu faisais à l’égard du conducteur incitaient d’avantage chez moi un sourire moqueur. Parce que quelque part, la scène m’avait donné raison.

Aujourd’hui, j’ai satisfais certaines de tes attentes mais père je ne suis pas encore « Président du Mali » comme tu l’as toujours souhaité. Je ne sais pas si je le deviendrai un jour mais je promets de faire mon mieux pour te rendre d’avantage fier de moi.

Je suis par moment confus lorsque je me rappelle de cette question que tu me posais très souvent: pourras-tu me rendre tout ce que j’ai fait pour toi un jour? Non, père! Plus maintenant puis que tu n’es plus de ce monde. Mais je te promets que je ferai mon mieux pour que tes enfants et ta femme soient comblés. Je m’efforcerai chaque jour à relever ce défi. Peut-être que je serai « président du Mali » un jour. En attendant ce jour, je m’investirai à œuvrer pour ma famille, mon entourage et mon peuple entant que digne fils de la nation malienne.

En ce jour spécial, où le monde entier célèbre les pères, je voudrais que tu saches que tu es le meilleur des pères que j’ai connu. Tu es pour moi une référence, un exemple et une source intarissable dans laquelle je puise chaque jour mon espoir de faire de ma vie un exemple pour la génération future.

Repose en paix père!

Et merci pour tout!


A Bamako, elles pensent et respirent le mariage !

C’est connu, à Bamako, la capitale malienne, il ne se passe pas une journée sans qu’un jeune homme ne se prenne au visage la célèbre phrase utilisée à tout bout de champ par les demoiselles du coin : « Est-ce que tu vas me marier ? » Même lorsque vous êtes rempli de pensées positives, elles ont toujours cette façon de vous arrêter net dans votre lancée.

Il est clair qu’au Mali, comme partout en Afrique, les femmes sont plus nombreuses que les hommes. C’est ce constat qui pousse les religieux à promouvoir la polygamie sous toutes ses formes, car ici, on dit que « toutes les femmes doivent avoir un mari ». Un message très bien compris par certains hommes qui, sans considération ni égard, satisfont leur libido en mariant une femme chaque année. Une fois au foyer, le mari, sans grande surprise, traite ses femmes comme des animaux (pas d’argent pour le marché, retard dans le paiement de loyer, les enfants ne sont pas scolarisés…). Bref, aucun avenir pour le couple. Pourtant, elles veulent toujours qu’on les marie, peu importe les conséquences.

Portrait d'un mariage.
Portrait d’un mariage.

Apparemment la nouvelle génération de femmes a très bien compris le message qui est souvent répété ici (le fameux : « toutes les femmes doivent avoir un mari »). Toutes les jeunes filles de Bamako, qu’elles soient belles ou laides, grosses ou minces, grandes ou courtes, n’ont qu’une phrase à la bouche : « Est-ce que tu vas me marier ? » Déjà au premier rendez-vous, vous pouvez savoir si c’est une fille qui aime l’argent ou si elle cherche plutôt une relation sérieuse. J’avoue que la deuxième hypothèse commence à se faire rare par ici. Même si vous en trouvez, il est difficile de s’en assurer tellement elles se ressemblent toutes. Un ami m’a confié un jour, que lorsqu’il est face à une demoiselle qui ne vit que pour l’argent, c’est-à-dire qui est prête à tout pour se remplir les poches, il joue au jeu. Pour lui c’est la méthode idéale bien qu’elle exige beaucoup de patience.

Un véhicule arrange tout

Elles sont généralement attirées par les gars qui ont un véhicule. Peu importe qu’il lui appartienne ou pas. Ce qui les intéresse, c’est le buzz qu’elles feront après que ce dernier a passé la voir dans son quartier. Pour cela, elles savent s’y prendre. Le rendez-vous est fixé à une heure où tout le quartier est dans la rue. Comme ça, après le départ de celui-ci, elles seront au centre des débats dans les grins (groupe informel de discussion) et les concessions.

Une des filles que je connais à failli se suicider lorsqu’elle a appris que son « man » (expression désignant le petit ami), avec qui elle avait passé les meilleurs moments de sa vie, n’était rien d’autre qu’un plombier. Le gars s’était fait passer pour un cadre dans une agence de communication de la place. Il s’arrangeait avec un ami qui travaillait sur place pour recevoir cette dernière. C’est aussi le véhicule de l’ami en question qui passait la chercher chaque week-end. La pauvre ! Elle a failli y rester.

Comportement suspect égal réaction suspecte !

Tout le monde à Bamako (notamment les jeunes hommes) sait désormais ce qu’il faut faire pour convaincre une demoiselle de sortir avec vous. Il faut lui dire « Oui » et jamais « Non ». Tu veux m’acheter une moto Jakarta ? « Oui chérie ».  Tu veux m’acheter une maison ? « Oui chérie ». Tu peux me faire un transfert par Orange Money ? « Oui chérie »… Et lorsque vous avez satisfait à toutes ces demandes, elles se disent qu’il est alors temps de demander ceci : Tu veux me marier ? Là aussi, le gars lui dit « Oui »… parce qu’il continue à jouer le jeu.

Finalement, elles veulent le mariage et les gars, eux, veulent autre chose.


Marché de Bamako : scènes ordinaires dans le grand bazar

Dans les grands marchés de la capitale malienne, c’est le désordre. Commerçants, chauffeurs, piétons, tous s’y retrouvent pour des raisons particulières. Les uns sillonnent les grandes artères avec le regard dans le vide, les autres (les plus nombreux) déambulent avec des marchandises à la main. Ils hèlent chaque passant au coin de la route. Si vous êtes nouveau à Bamako, évitez dans la mesure du possible les grands marchés.

Les rues sont bondées de monde, des Sotrama (véhicules de transport public) en brochette, des motocyclistes vissés à la poignée de leur engin, effarés et impatients, tous s’agitent. Impossible de différencier le piéton du marchand. Dans ce désordre, certains sont exténués et ont l’injure facile. D’autres par contre se réjouissent de cette affluence et de l’effervescence du lieu, certainement les habitués du coin… Les 40 degrés de chaleur ne changent en rien les habitudes quotidiennes.
Sur la voie de circulation jonchée de sachets plastiques, quelques vendeurs ambulants installent leurs marchandises sur une vieille bâche. Plus loin, un vieillard excédé interpelle un jeune homme qui bloque la voie avec son chariot, il lui demande de respecter le code de la route,« laissez-moi tranquille ! Il n’y a aucune règle dans ce pays » s’exclame le jeune homme. Le vieil homme, un peu dépité, abandonne et continue son chemin. Cheveux et barbe grisonnants, le vieil homme porte sur son dos des ustensiles de cuisine fourrés dans une sacoche. Une louche en aluminium à la main, et deux autres accrochées à la sacoche, il traîne avec difficulté ses pas.

Vue sur le centre du grand marché d'Haraïda. Crédit photo Jeuneivoiromalien
Vue sur le centre du grand marché d’Haraïda. Crédit photo Jeuneivoiromalien

Le chauffeur d’un tacot semble suffoquer. La sueur dégouline à grosses gouttes sur son visage. Bloqué depuis une dizaine de minutes, il est particulièrement irrité. Il appuie alors en continu sur le klaxon. L’énervement est contagieux, s’ensuit donc, un concert de Klaxons qui s’empare de la zone. Cinq minutes plus tard, un gros camion qui servait  de barrière a fini par dégager la voie. Son chauffeur copieusement savonné s’est contenté d’afficher un large sourire, comme pour dire qu’il est désolé.

Confortablement assise sur la banquette arrière d’un taxi, une cliente, la vingtaine, les cheveux châtains, des yeux marron, s’essuie le visage avec une serviette. Bientôt, plus rien ne reste de son maquillage. Exaspérée par la chaleur à bord du taxi, elle lance par moment des bribes de reproche au chauffeur, apparemment lui aussi est sur les nerfs. Pourtant, il ne dit rien. Lorsque le véhicule finit par stationner une minute plus loin, près d’un immeuble en reconstruction, le chauffeur sort brusquement de son taxi, les yeux écarquillés, le sourire narquois. Il questionne maintenant sa cliente qui visiblement n’avait plus son porte-monnaie. Le bras droit posé sur la portière à moitié ouverte, il pointe par moment un doigt vers la cliente. Visiblement, le chauffeur est convaincu que c’est une mise en scène. Il réclame avec ardeur son argent. Après plusieurs interventions, lorsque, le chauffeur finit par se calmer, un témoin de la scène retrouve comme par magie le portefeuille perdu entre deux sièges. Sans dire merci, le chauffeur empoche l’argent et démarre en trompe. « Je déteste ce marché » rechigne un autre témoin, très dégoutté.


Pourquoi aller à l’aéroport si on ne peut aller en France? (1)

Hum, affaire d’aéroport! Il faut l’avouer,  le malien lambda en général, l’aventurier en particulier, ne plaisante pas avec le voyage en avion. Chaque année, ils sont des milliers à braver l’océan pacifique pour se rendre en Europe. Parmi ce chiffre, environ une vingtaine séjourne chez le vieux Diarra,  le temps d’obtenir un passeport et de se mettre en route. Celui qui a donc pris l’avion pour se rendre en Europe, n’est pas à négliger dans mon pays.

Le vieux Diarra

A soixante-dix ans, il est de retour au Mali après avoir passé plus de la moitié de sa vie en France. Retraité, cet ancien migrant se rend une fois à Paris pour mettre en règle ses papiers afin de continuer à recevoir sa pension.

Ainsi, le domicile du vieux Diarra sert de refuge à tous ces jeunes qui voient  en lui un modèle. Lors d’une conversation avec Sory, aujourd’hui dans un camp de réfugié en Italie, après avoir travaillé cinq ans en Algérie pour se payer la traversée, il me disait ceci:« il faut que nous réussissons nous aussi dans la vie. Pour cela, nous devons mieux faire que le vieux Diarra ».En d’autres termes, il est normal qu’ils usent des mêmes méthodes que lui pour atteindre l’Eldorado. Courageux, téméraires parfois idiots, tels sont les caractères de ces jeunes piqués par le virus de l’immigration.

Crédit photo Jeuneivoiromalien
Crédit photo Jeuneivoiromalien

L’année dernière, Abou est revenu au Mali après avoir passé dix ans en Espagne. Pour l’occasion, sa femme qui avait quitté le village, trois jours avant, s’était parée de  ses plus beaux habits pour se rendre à l’aéroport accompagnée du frère cadet d’Abou du nom d’Amadou. Selon les rumeurs, ce dernier était le père du dernier garçon de sa belle-sœur, mais il avait tenu à être là quand même pour accueillir son aîné. A l’aéroport, le constat est surprenant. Elles sont nombreuses les familles qui attendent de l’autre côté avec impatience le retour de l’enfant prodige, allé explorer le continent européen. Les femmes et les enfants veulent impressionner à tout prix le héros de la famille. On se fait mal pour deux ou trois heures, juste pour les yeux de cet époux parti depuis si longtemps.

« Ce n’est pas grave, je l’enlèverai une fois de retour à la maison » avait rétorqué Soukoura à Amadou qui, visiblement, souffrait le martyr du haut de ses escarpins mal ficelés dont la taille ne convenait plus à ses pieds. Pour rien au monde, elle ne les aurait enlevés et Amadou le savait mieux que personne.

Trois heures plus tard…       

Soudain, un grincement de pneu se fit entendre. C’était l’avion qu’attendait tout ce beau monde qui venait de fouler la piste d’atterrissage de l’aéroport international du président Modibo Keita-Senou de Bamako.

« Enfin, c’est bientôt la fin du calvaire », me suis-je dis dans un long soupir.

 A suivre…


Festival accoustik Bamako: un max de « selfie »pour Gary Dourdan

Warrick Brown de la série Les Experts, est à Bamako depuis bientôt une semaine. Gary Dourdan, le mauvais garçon au corps de rêve qui fait tant rêver les « nanas », a donc décidé d’atterrir dans la capitale malienne à la demande du maestro de la kora, Toumani Diabaté. Il prend part depuis le 27 janvier à la première édition du festival accoustik Bamako, qui durera jusqu’au samedi 30 janvier. Loin de s’attendre à des centaines de fans, Gary Dourdan a été surpris de l’accueil qui lui a été réservé à Bamako.

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« Sérieusement, je me demande par moment, ce qu’elle peut lui trouver à ce gars. C’est vrai non ! En plus d’être en faillite, c’est un ancien drogué », a lancé un journaliste lors de sa conférence de presse du mardi 26 janvier à l’hôtel Onomo de Bamako.

Bon, pas étonnant qu’il monte sur ses grands chevaux, cet éternel insatisfait. En gros, il lui envie de n’avoir jamais su comment s’y prendre avec les dames.

Pour l’occasion, ses fans (les femmes, pour la plupart) avaient concoctée à l’avance un plan d’approche, car la star ne pouvait pas être approché par tous. Alors, celles dont la famille ou le père a de l’influence, avait mise en avant la méthode dite « relationnelle » ; c’est-à-dire, elle connait un tel qui connait un tel, proche de Gary ou de quelqu’un de son staff. Cette catégorie n’avait pas de soucis à se faire, car il  fallait juste être patient et attendre que la seconde catégorie dite «coïncidence ou chance »  finisse de faire son numéro, pour ensuite aller faire la rencontre du héros dans les salons VIP (Very Important People).

Mais Il y a mieux. Certaines sont allées jusqu’à prendre un billet d’avion pour uniquement venir le voir à Bamako. « Je n’aurais manqué ça pour rien au monde, j’ai demandé une permission de deux jours pour simplement avoir enfin l’opportunité d’être proche de lui », a témoigné la fille d’un ancien premier ministre du Mali. Une seconde, que voulait-elle dire par « proche de lui » ? La réponse ne se fit pas attendre, car à peine la conférence de presse terminée, Gary Dourdan a disparu. Vingt minutes plus tard, il était en face d’autres personnes qui n’arrêtaient pas tour à tour de poser avec lui en mode « selfie », y compris la fille du premier ministre.

En une heure de conversation avec les officiels et leurs invités (filles, parents, amis et collègues) Gary Dourdan avait fait autant de selfie qu’il en était lassé. Il trouvait par moment des excuses pour s’extirper de la salle. Du genre, « je transpire » donc je ne veux pas vous salir. La conférence de presse terminée, Gary Dourdan pouvait enfin dire ouf pour l’instant.

Que croyait-il ? Les filles maliennes savent aussi reconnaître et apprécier un beau mec au corps de rêve. Et ça, il l’avait compris à ses dépens.

Le soir du 27 janvier, Gary Dourdan, accompagné d’artistes de renom tels que Tony Allen et son groupe et Toumani Diabaté, a donné le ton du concert d’ouverture au Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké. La star haïtienne, venue sur la scène dans une chemise transpirante et provocatrice, a suscité des cris de joie de la part de ses fans. Ce n’était pas tout. Cerise sur le gâteau, Gary, avant, pendant et après sa prestation sur scène, n’a pas arrêté de faire des « selfies ». Une chose est certaine, si après Bamako il adore toujours les « selfies » alors, c’est qu’il a certainement des origines maliennes car nos demoiselles sont folles de « selfies ».