Marché de Bamako : scènes ordinaires dans le grand bazar

Article : Marché de Bamako : scènes ordinaires dans le grand bazar
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7 juin 2016

Marché de Bamako : scènes ordinaires dans le grand bazar

Dans les grands marchés de la capitale malienne, c’est le désordre. Commerçants, chauffeurs, piétons, tous s’y retrouvent pour des raisons particulières. Les uns sillonnent les grandes artères avec le regard dans le vide, les autres (les plus nombreux) déambulent avec des marchandises à la main. Ils hèlent chaque passant au coin de la route. Si vous êtes nouveau à Bamako, évitez dans la mesure du possible les grands marchés.

Les rues sont bondées de monde, des Sotrama (véhicules de transport public) en brochette, des motocyclistes vissés à la poignée de leur engin, effarés et impatients, tous s’agitent. Impossible de différencier le piéton du marchand. Dans ce désordre, certains sont exténués et ont l’injure facile. D’autres par contre se réjouissent de cette affluence et de l’effervescence du lieu, certainement les habitués du coin… Les 40 degrés de chaleur ne changent en rien les habitudes quotidiennes.
Sur la voie de circulation jonchée de sachets plastiques, quelques vendeurs ambulants installent leurs marchandises sur une vieille bâche. Plus loin, un vieillard excédé interpelle un jeune homme qui bloque la voie avec son chariot, il lui demande de respecter le code de la route,« laissez-moi tranquille ! Il n’y a aucune règle dans ce pays » s’exclame le jeune homme. Le vieil homme, un peu dépité, abandonne et continue son chemin. Cheveux et barbe grisonnants, le vieil homme porte sur son dos des ustensiles de cuisine fourrés dans une sacoche. Une louche en aluminium à la main, et deux autres accrochées à la sacoche, il traîne avec difficulté ses pas.

Vue sur le centre du grand marché d'Haraïda. Crédit photo Jeuneivoiromalien
Vue sur le centre du grand marché d’Haraïda. Crédit photo Jeuneivoiromalien

Le chauffeur d’un tacot semble suffoquer. La sueur dégouline à grosses gouttes sur son visage. Bloqué depuis une dizaine de minutes, il est particulièrement irrité. Il appuie alors en continu sur le klaxon. L’énervement est contagieux, s’ensuit donc, un concert de Klaxons qui s’empare de la zone. Cinq minutes plus tard, un gros camion qui servait  de barrière a fini par dégager la voie. Son chauffeur copieusement savonné s’est contenté d’afficher un large sourire, comme pour dire qu’il est désolé.

Confortablement assise sur la banquette arrière d’un taxi, une cliente, la vingtaine, les cheveux châtains, des yeux marron, s’essuie le visage avec une serviette. Bientôt, plus rien ne reste de son maquillage. Exaspérée par la chaleur à bord du taxi, elle lance par moment des bribes de reproche au chauffeur, apparemment lui aussi est sur les nerfs. Pourtant, il ne dit rien. Lorsque le véhicule finit par stationner une minute plus loin, près d’un immeuble en reconstruction, le chauffeur sort brusquement de son taxi, les yeux écarquillés, le sourire narquois. Il questionne maintenant sa cliente qui visiblement n’avait plus son porte-monnaie. Le bras droit posé sur la portière à moitié ouverte, il pointe par moment un doigt vers la cliente. Visiblement, le chauffeur est convaincu que c’est une mise en scène. Il réclame avec ardeur son argent. Après plusieurs interventions, lorsque, le chauffeur finit par se calmer, un témoin de la scène retrouve comme par magie le portefeuille perdu entre deux sièges. Sans dire merci, le chauffeur empoche l’argent et démarre en trompe. « Je déteste ce marché » rechigne un autre témoin, très dégoutté.

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