« Appels sur l’actualité » : pourquoi appellerais-je si c’est pour ensuite me raccrocher au nez ?

Article : « Appels sur l’actualité » : pourquoi appellerais-je si c’est pour ensuite me raccrocher au nez ?
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7 avril 2015

« Appels sur l’actualité » : pourquoi appellerais-je si c’est pour ensuite me raccrocher au nez ?

Image illustrative. Photo Amnesty International.
Image illustrative. Photo Amnesty International.
Et bien vous l’aurez compris certainement, vous, fidèles auditeurs et auditrices de la célèbre émission de RFI qui nous donne la parole afin de commenter l’actualité. Vous l’aurez certainement remarqué également, nous fidèles auditeurs et auditrice de l’émission de Juan Gomez que la parole qui est sensé nous appartenir, nous échappe très souvent, non pas, parce que nous n’avons plus rien à dire, non pas que le temps nous est compté dès que nous ouvrons la bouche, encore moins parce que, ce que nous disons est peu intéressant.

« Vous avez la parole !». C’est par cette formule d’usage que l’homme fort de l’émission ‘’appel sur l’actualité’’, nous « donne la parole » à moi qui attend au bout du fil de « prendre la parole » tant sacrée afin de non seulement développer et commenter le thème à l’ordre du jour mais surtout d’exprimer mon ras-le-bol face une situation qui pour moi semble l’analyse idéale, fut- elle relative. La parole n’est donc pas une simple faculté parmi d’autres. C’est la parole qui rend l’homme capable d’être le vivant qu’il est en tant qu’homme. Alors, pourquoi me la prendre aussi tôt que je la prenne ? Pourquoi me la prendre aussitôt que mon analyse franchit la ligne rouge d’un fait que tous semblent vouloir taire ? Pourquoi me donner la parole si c’est pour me la reprendre aux mots ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Or, « Avoir la parole » ou « prendre la parole », donation ou prise prodigieuses si l’on y réfléchit, signifient qu’avant la parole, la parole est déjà là. Je suis invité à m’en rendre maître. Mais on dit « être maître de sa parole ». De sa parole ! Et non de la parole. Pour qu’elle soit effectivement ma parole, je dois parler, avec les mots communs de la parole déjà là, sans quoi je ne serais pas compris, mais ils doivent venir à ma bouche comme s’ils étaient prononcés pour la première fois ; comme si, à la limite, ils n’existaient pas auparavant ; comme si l’orateur les inventait lui-même à l’occasion et en même temps en approuvait et en confirmait le sens. Le mot, « propre », est créé chaque fois qu’il est énoncé. C’est le mot seul qui confère l’être à la chose. « Il n’y a pas de chose là ou manque le mot » dit Heidegger. Nommer les choses c’est les appeler à l’être, les appeler à soi et se les approprier. Alors encore une fois, monsieur, laissez-moi parler vue que, cette prérogative est mienne et que j’ai votre bénédiction.

Image illustrative. Photo Google
Image illustrative. Photo Google

Pourquoi m’interrompre dès que mon analyse se tourne vers François Hollande ou la France ? Pourquoi le réseau se brouille-t-il à chaque fois que mes « mots boivent du dolo »1 à l’égard d’une personnalité influente de chez vous ? Sinon, lorsque je m’étale sur les inconduites de mon triste pays, l’on m’entend très bien, semble-t-il. L’on corrobore même mes propos quand il s’agit de l’Afrique noir ou de ces chefs d’Etat dont le ridicule et le mensonge sont le cheval de bataille, encore là semble-t-il. Alors même que leurs entraineurs sont ceux-là, auxquels, la communication est toujours brouillée dès que je mentionne les noms !

La parole n’est donc pas une simple faculté parmi d’autres. C’est la parole qui rend l’homme capable d’être le vivant qu’il est en tant qu’homme. Le chimpanzé émet des sons, l’homme parle. La différence est métaphysique. Elle est de l’homme, elle est l’homme même. Les Grecs n’avaient d’ailleurs qu’un mot pour dire la raison et la parole, ‘’logos’’. Penser, c’est parler tout bas. Parler, c’est penser tout haut. Laissez-moi donc m’exprimer SVP monsieur !

Aux accusations d’acharnement je plaide également là non coupable.

1. Expression désignant un aspect fortement fragile.

Moussa Magassa

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Commentaires

Fofana Baba Idriss
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Sacré Moussa Magassa. Merci pour cette claque !

Moussa Magassa
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Loll c'est plutôt un soulagement. Merci à toi FBI