Si tu es mort pour le Mali, es-tu mort pour rien ?
Aussi déconcertant que cela peut paraitre le malien est aussi indifférent à son malheur que le diable l’est avec ses stratèges. Aucun membre du gouvernement ni aucuns médias nationaux n’étaient présents aux obsèques du jeune policier tué lors de l’attentat de Bamako.
Avant hier après-midi à l’école de Police à Bamako un dernier hommage a été rendu au jeune policier de 28 ans tué lors de l’attentat du vendredi au restaurant La terrasse. L’ensemble de la police nationale ainsi que certains représentants de la gendarmerie nationale tous étaient au rendez-vous hier aux obsèques funèbres de Cheick Oumar Dembélé. Quelques responsables de la MINUSMA et de la garde nationale ont également effectués le déplacement. Cependant, aucun membre du gouvernement encore moins le ministre de la sécurité et de la protection civile dont le département cordonne les missions de la police n’a honoré de sa présence la mémoire de ce jeune martyre tué par des bandits armés. Prévu pour 16 heures après la prière, la cérémonie funèbre a été retardé d’une trentaine de minutes par le secrétaire général du ministère cité plus haut. Un retard qui a laissé un gout amer aux participants, qui ont jugé que le sacrifice du jeune Cheick n’avait que peu d’importance aux yeux des autorités maliennes. Un avis plutôt vrai quand on sait que la France n’a pas arrêté jusqu’à ce jour de rendre hommage à Fabien Louis Guyomard ; une autre victime de l’attentat de Bamako. On se rappelle cependant, qu’il y a juste un moment, plusieurs chefs d’Etat y compris le nôtre faisaient le déplacement à Paris pour témoigner leur soutien et leur solidarité aux victimes de l’attaque de Charlie Hebdo. Mais on n’est pas fichu de se présenter aux funérailles d’un citoyen, un bon tué alors même qu’il faisait son boulot de policier. Quant à nos collègues de l’ORTM, je n’ai pas été surpris de constater leur absence hier aux obsèques de Cheick Oumar Dembélé. Ce n’est pas une surprise car l’ORTM, la télévision nationale du Mali ne couvre que des évènements où les « fama* » sont présents ou que l’on récompense largement leur soit disant loyale service. Autrement dit, la mission d’information de la télévision nationale du Mali est toujours conditionnée ou influencée.
Heureusement que les collègues du jeune policier étaient présents ce mardi 10 mars à l’école de police afin de célébrer ce jeune homme courageux qu’était le défunt. Que puis je dis d’autre après un tel fait si ce n’est qu’Allah bénisse ce jeune homme mort pour le Mali avec lui notre cher Maliba. Encore faudrait savoir si Cheick Oumar Dembélé ne serait pas mort pour rien…
*Fama: Terme populaire au Mali désignant les personnalités de renommée.
NB: J’étais présent au nom du journal du Mali, seul moi et une correspondante de RFI au Mali.
Moussa Magassa
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